Organoïdes du cancer lymphatique – Prof. Elisa Oricchio (EPFL) et Dre Anne Cairoli (CHUV)

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Utilisation de tissus dérivés du patient pour prédire l’efficacité de différents traitements afin de trouver celui qui convient le mieux à chaque patient

Projet de la Prof. Elisa Oricchio, Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), et de la Dre Anne Cairoli, Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV)

L’utilisation d’approches moléculaires et génétiques pour personnaliser les traitements médicaux est en voie de transformer la thérapie anticancéreuse. En effet, la médecine personnalisée peut générer des thérapies sur mesure et éviter l’utilisation de molécules inefficaces et souvent débilitantes. Actuellement, le traitement du cancer est basé sur le stade de la tumeur, le profil mutationnel et l’histoire clinique, alors que des facteurs cruciaux tels que l’hétérogénéité de la tumeur et son microenvironnement sont rarement pris en compte. Ces derniers facteurs sont pourtant souvent les plus variables et peuvent influencer la réponse au traitement. Il est donc urgent d’intégrer des données spécifiques au patient dans les décisions relatives au choix du traitement.

Ce projet vise à développer un système de culture automatisé d’explants tumoraux dérivés de patients. Ces avatars tumoraux sont propres à chaque patient et constituent une plateforme permettant de tester la sensibilité de chaque tumeur à différents traitements. Ces informations pourraient être utilisées pour anticiper la réponse clinique et donc guider l’hémato-oncologue dans le choix de la molécule la plus efficace pour chaque patient. Dans ce projet, l’équipe travaille avec des patients atteints de lymphome non hodgkinien, un groupe de cancers provenant de lymphocytes matures (type de globules blancs).

L’équipe dispose d’un certain nombre de résultats préliminaires prometteurs. Tout d’abord, l’équipe de recherche fondamentale a mis au point une méthode de culture de petits fragments de tissu tumoral prélevés sur le patient de manière à préserver les caractéristiques clés du tissu, notamment la composition et l’architecture cellulaires. Ces fragments, appelés lymphomoïdes, peuvent ensuite être utilisés pour tester la sensibilité à diverses thérapies. À terme, l’objectif est d’optimiser la technologie des lymphomoïdes en tant qu’outil clinique pour trouver le traitement le plus adapté à chaque patient atteint d’un lymphome. L’équipe utilisera une analyse d’image de pointe des caractéristiques spatiales pour comprendre l’effet du traitement à la fois sur le lymphome et sur les cellules voisines formant le microenvironnement tumoral. Outre une meilleure adaptation des traitements existants à des patients spécifiques, cette technologie peut également être utilisée pour découvrir de nouvelles thérapies.

Les thérapies inefficaces sont associées à des toxicités potentielles et conduisent finalement à l’émergence de maladies résistantes plus difficiles à traiter. Par conséquent, la mise en œuvre d’une technologie permettant d’identifier directement ces traitements inefficaces dans la pratique clinique courante serait révolutionnaire et pourrait améliorer de manière significative le pronostic et la qualité de vie des patients.